Coédité par l’Inrap et les éditions Tallandier, l’Atlas archéologique de la France raconte un million d'années d'occupation humaine de l'Hexagone et des Outre-mer en 100 cartes inédites et 200 illustrations, issues de dizaines de milliers de fouilles et d’enquêtes archéologiques menées depuis plusieurs décennies. Mickaël Mestre, archéologue Inrap, co-auteur de l'ouvrage, présente la carte de l'archéologie de la Guyane (1795-1953).

Dernière modification
10 janvier 2024
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Archéologie de la Guyane de la fin du XVIIIe au milieu du XXe siècle : occupation coloniale, bagne et orpaillage.



© Aurélie Boissière/Tallandier/Inrap

Que montre cette carte ?

Durant la seconde moitié du XIXe siècle, la société guyanaise dans son ensemble subie une profonde mutation. La Seconde République signe le 27 avril 1848, le décret de la deuxième abolition de l’esclavage qui entraîne un effondrement de l’économie. La désertion des établissements agricoles incite l’État français à voter en 1854 la loi sur la « transportation » pour poursuivre la mise en valeur de la colonie. La découverte de l’or en 1855 attire plusieurs milliers d’immigrants vers l’intérieur du territoire dans des régions où la population amérindienne avait déjà disparu en raison du choc épidémiologique.

Quelles sont les vagues de peuplement et les populations de la Guyane pour la période d’expansion considérée ?

En Guyane comme aux Antilles, la société coloniale des XVIe-XIXe siècles est construite sur l’exploitation inhumaine de populations, d’origine essentiellement africaine, rendues esclaves et destinées à effectuer tous les travaux sur les exploitations agricoles appelées « habitations ». L’abolition de l’esclavage en 1848, puis la découverte de l’or en 1855, entraînent le déplacement d’un grand nombre d’esclaves affranchis venus du littoral guyanais ou de la Caraïbe anglophone. Les lois dites sur la transportation en 1854, puis sur la relégation en 1885, envoient des dizaines de milliers de condamnés dans les différents centres pénitenciers guyanais durant une centaine d’années. Les groupes amérindiens et les noirs-marrons redéfinissent leur stratégie de survie et se répartissent en différentes zones géographiques.

Quels types de vestiges ces populations ont-elles laissé ?

Cette période est particulièrement riche en vestiges mobiliers ou immobiliers. Par exemple, l’architecture pénitentiaire est encore fortement inscrite dans le paysage urbain guyanais.

Vue générale de la première halle vers le nord-est comportant un dortoir de réclusionnaires et au fond la chambre des surveillants, construit à partir de 1897.

L'Île Saint-Joseph : vue générale de la première halle vers le nord-est comportant un dortoir de réclusionnaires et au fond la chambre des surveillants, construit à partir de 1897.

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A. Coulaud, Inrap


Quelles données sont utilisées pour établir cette carte ? Quelle place pour les fouilles de l’Inrap ? Quels contextes de fouilles ? 

La carte résume une série de décisions politiques qui va orienter durablement l’administration et l’économie du territoire. Ce document fait une synthèse entre données historiques et archéologiques. Les fouilles de l’Inrap ont permis d’étudier les conditions matérielles pour des périodes qui étaient surtout connues auparavant par les archives.
Les contextes de fouilles dépendent du milieu tropical qui influe fortement sur l’état de conservation des vestiges pour chacun des thèmes, esclavage, bagne et orpaillage.