À Vic-sur-Seille, une opération de l'Inrap a permis de dégager des éléments de maçonnerie du château, haut lieu de pouvoir qui servait à la fois de résidence des évêques de Metz mais aussi de chef-lieu administratif du temporel de l’évêché du XIIIe au XVIIIe siècle.

Dernière modification
09 août 2023

En juin 2023, dans le cadre de la construction d’un pavillon individuel, l’Inrap a fouillé au sein du château de Vic-sur-Seille (Moselle). Sur une surface de 145 m², une partie du logis neuf (XVe-XVIIIe s.) a été dégagée sous la forme de nombreuses maçonneries polyphasées. Cette fouille fait suite à un diagnostic effectué sur une parcelle de 580 m² et ayant révélé un niveau funéraire de type paroissial (VIIe-XIIe s.), quelques structures en creux et de nombreuses constructions maçonnées liées aux fortifications (fin XIIe-XVIe s.) et au logis épiscopal neuf.

Vic sur Seille 4

Vue générale de la fouille à l’issue du décapage. La porte du château est visible à l'arrière-plan (à gauche).

© S. Jeandemange, Inrap

 

L’archéologie castrale vicoise depuis les années 1990

Depuis 1990, l’archéologie préventive, à travers cinq diagnostics, deux fouilles et une surveillance de travaux, permet de mieux comprendre l’évolution topographique et architecturale du château épiscopal. Outre le cimetière médiéval, les vestiges les plus fréquemment exhumés sont de nature militaire : porte d’entrée du château (fondations de la porte XIIIe-XIVe s., puis porte XVe s. encore en élévation), courtine et tours du front sud (XIIIe-XVe s.), fausse-braie (XVIe s.), fossé. De plus, les logis des XIVe-XVe s. et des XVe-XVIIIe s. ont été partiellement fouillés. Enfin, le Parc du château (XVIe-XVIIIe s.) a été observé lors d’un diagnostic extra-muros.

Un bruit de fond antique

De la céramique gallo-romaine (9 formes identifiées des Ier-Ve s.) a été échantillonnée en position résiduelle dans un niveau funéraire médiéval. Ce mobilier témoigne certainement d’une première occupation structurée mais non encore appréhendée.

Un cimetière de type paroissial (VIIe-XIIe s.)

Un niveau d’inhumations stratifié a été étudié sous la forme de six structures bien conservées dont une sépulture double (adulte et immature). Une datation radiocarbone donne une fourchette chronologique de 772-987 AD, avec une probabilité de 2-sigma (95,4%).

Vic sur Seille 2

Vue générale de 3 sépultures appartenant à un cimetière de type paroissial (VIIe-XIIe s.).

© A. Pieri, Inrap

 

L’enceinte castrale et ses adaptations (fin XIIe -XVIe s.)

Le château épiscopal se situe sur le point haut de la ville (210 à 212 m), à l’extrémité sud-sud-ouest de l’enceinte urbaine, intra-muros. Une portion de tour en fer à cheval d’origine médiévale et une fausse-braie encore en élévation en fond de parcelle (XVIe s.) ont été étudiées. La fausse-braie servait à protéger la base du château médiéval des tirs d’artillerie.

Vic sur Seille 3

Plan partiel de la fondation d’une tour en fer à cheval de l’enceinte castrale (arrière-plan) et d’un quart de rond (premier plan).

© S. Jeandemange, Inrap

Le logis neuf des évêques de Metz (du XVe-XVIe s. au XVIIIe s.)

Les 145 m² de fouille ont révélé le plan partiel du logis épiscopal de l’Époque moderne. Les maçonneries en calcaire local bleu, grossièrement équarries, sont conservées à l’état de fondation. Larges de 0,80 m à 1,75 m, elles délimitent sept espaces dont deux niveaux de cave. Un noyau maçonné de plan sub-circulaire, de 4,50 m de diamètre, semble bien correspondre à la fondation de la tour d’escalier en vis encore visible en ruine sur un dessin de Guibal de 1832. Au final, l’analyse stratigraphique a permis la datation relative d’une vingtaine de maçonneries, avec au moins cinq phases de constructions différentes. La consultation des plans anciens et des analyses radiocarbones effectuées sur des charbons de bois contenus dans certains mortiers de chaux, devraient permettre l’obtention d’une chronologie absolue.

Aménagement : Particulier
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Grand-Est)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Sébastien Jeandemange, Inrap