Située dans l’Île de Cayenne, une fouille archéologique prescrite par la Drac Guyane et menée par l'Inrap dans la commune de Rémire-Montjoly a permis de mettre au jour un remarquable dépotoir précolombien.  Les nappes discontinues de vestiges ont livré un abondant mobilier en céramique de type « Cayenne peint » caractéristique du complexe Thémire (XIe-XVe s.) et un surprenant fragment de calotte crânienne.

Dernière modification
26 juin 2019

L’occupation précolombienne récente autour de Cayenne

Le cordon sableux en arrière du littoral sur lequel a été découvert le dépotoir a fait l’objet d’une étude géo-archéologique d’autant plus précieuse que les modalités et dates de mise en place de ce type d'habitat précolombien sont encore insuffisamment documentées.  En outre, les structures mêmes des villages, en bois, ne se conservent pas, et leurs traces indirectes (trous de poteaux…) ne sont qu’exceptionnellement lisibles dans le sédiment sableux fortement lessivé.  Aussi des accumulations de mobilier, essentiellement en céramique, regroupées habituellement sous le terme de dépotoir et plus faciles à repérer, constituent-elles souvent la source essentielle de données sur les habitats, mais ce terme générique peut recouvrir des réalités très diverses.

Un dépotoir énigmatique

La fouille de Rémire-Montjoly a permis de mettre en évidence deux zones séparées d’une cinquantaine de mètres.  La zone orientale, du côté le plus élevé, est relativement plane et paraît avoir constitué le sol piétiné d’un habitat ou de son immédiate périphérie où ont été déposés des déchets domestiques.

À une cinquantaine de mètres vers l’ouest, dans la pente et au-delà d’un ancien petit cordon sableux, une forte végétation était présente au début de l’occupation précolombienne, formant une zone dense de fourrés entre des bosses sableuses. Là, les gens sont venus jeter un mobilier apparemment trié. L’observation des tout premiers dépôts montre la présence de poteries plus ou moins entières accompagnées d’un lourd outillage de mouture, notamment des meules, qui bien que brisées demeurent de taille et de masse conséquentes : ces rejets particuliers, à l’écart de l’habitat, diffèrent des déchets domestiques simplement issus de l’activité habituelle et de ses aléas, d’autant qu’un fragment de calotte crânienne y a été découvert. L’étude qui vient de commencer va s'attacher à connaître les motivations de ces dépôts, comme les conséquences du décès d’un ou plusieurs occupants de l’habitat, suivis du bris et de l’évacuation de leurs biens. En tous cas, l’abondance du mobilier permettra de compléter et de préciser les connaissances acquises sur l’occupation de l’Île de Cayenne avant le milieu du premier millénaire.

Aménageur : Pascal Briquet
Contrôle Scientifique : DRAC Guyane
Recherches archéologiques : Inrap
Responsable d’opération : Bertrand Poissonnier, Inrap