En périphérie du village de Cayrac, deux fouilles réalisées par l’Inrap sur des parcelles voisines ont livré des fosses et un puits antiques, ainsi que cinq bâtiments, un four et de nombreux silos de l’époque médiévale, à un emplacement où un prieuré dépendant de l’abbaye Saint-Géraud d’Aurillac est attesté dès 961.

Dernière modification
11 mars 2024

Une occupation antique

Deux vastes fosses peu profondes et un puits sont associés à une occupation antique dont le cœur se situe hors emprise, probablement vers le sud. Le puits, profond d’un peu plus de 4 m pour 0,80 m de diamètre, est doté d’un cuvelage de petits blocs et moellons calcaires (plan cf.infra : PT1057). Sa fouille, à l’exception de quelques fragments de briques en quart de rond, n’a pas livré de mobilier. En revanche, celle des deux autres fosses a permis la mise au jour d’un riche corpus de céramiques datables de la charnière des Ier/IIe s. ap. J.-C., dans lequel les productions aquitaines occupent une place notable (plan : FS1056 et FS1149).

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Puits de l'époque antique (PT1057), fouille de Cayrac.

© Pascal Lotti, Inrap

Un rare ensemble de bâtiments de la période médiévale

L'occupation médiévale est caractérisée par la présence de cinq bâtiments, 29 silos, un four, délimités par un maillage de fossés très peu profonds. Les deux principaux bâtiments (ST1015 et ST1034), excavés sur une vingtaine de centimètres, sont construits à l’aide de poteaux périphériques et internes (23 découverts pour le premier, 30 le second). Leurs dimensions sont importantes ; 14 m de long sur 4,10 m de large pour l'un (ST1034) et 7,89 m de long sur 3,76 m de large pour l'autre (ST10015).

Des aménagements externes comme des renforcements et un auvent en demi-cercle délimité par une série de poteaux doubles sont perceptibles sur la structure du bâtiment le plus long (ST034). Les vestiges ténus d’un solin de galets sont conservés sur la façade ouest de l'autre bâtiment (ST1015). Des silos et des foyers sont présents à l’intérieur de ces deux structures.


Dépourvu de poteaux et excavé de 50 cm, un troisième bâtiment (ST1035), de 7,7 m de long sur 1,9 m de large, est interprété comme un cellier semi-enterré, possiblement construit en terre crue. Enfin, une structure peu lisible (ST1004), renfermant deux foyers et des silos , et une autre (ST1111), fouillée partiellement, sont également dotées de poteaux périphériques.
L’hypothèse de murs en terre ou torchis surmontés de toitures végétales est privilégiée pour l’ensemble des bâtiments de ce site. La découverte d’édifices de cette dimension, dans cet état de conservation, de l’organisation est un fait rare, si ce n’est inédit, dans le Toulousain en l’état actuel de la recherche.

La majorité des silos mis au jour, sont localisés entre les deux bâtiments principaux, leurs volumes (celui du goulot plus la chambre) peuvent être estimés entre 400 et 3 650 litres. L’état de conservation du site a permis l’observation de leurs niveaux d’ouvertures en dépit de la difficulté de lecture du terrain.

La dernière structure remarquable par ses dimensions est un four (FR1029), auquel est associée une fosse de travail (FS1028). La chambre de chauffe mesure en effet 2,49 m de long pour 2,13 m de large et 0,72 m de hauteur conservée, tandis que la fosse est longue de 6,61 m pour 5,56 m de large et 1,77 m de profondeur. Cette structure s’inscrit clairement dans une parcelle délimitée sur trois cotés par des fossés. L’ensemble étant en limite d’emprise, la totalité de la fosse n’a pas été appréhendée.

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Four avec sa chambre de travail.

© Alais Tayac, Inrap

La brièveté de la chronologie du site, perçue lors de la fouille, est atténuée par la première étude de la céramique, en attendant une confirmation des datations C14. Si la majorité des structures sont à rattacher au XIIe siècle, quelques-unes sont légèrement antérieures (ST1004, ST1015) et appartiennent au XIe siècle. 

De nouvelles connaissances sur la structuration du territoire entre le Xe et le XIIe siècle

Le site organisé selon un axe nord-ouest sud-est montre un parcellaire constant et confirme l’hypothèse d’une occupation linéaire d'un terroir dont le prieuré, mentionné dès le Xe siècle, a été associé à une ville neuve à la suite du contrat de paréage entre le comte de Toulouse et l’abbaye Saint-Géraud d’Aurillac en 1173. Cette fondation semble correspondre à l’arrêt de l’occupation des deux sites et soulever la problématique d’une réorganisation spatiale du terroir du prieuré à la charnière des XIIe et XIIIe siècles.

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Fouille en cours d'un des cinq bâtiments (ST1015) à Cayrac.

©  Jean-Baptiste Jamin, Inrap

Aménagement : particuliers
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap 
Responsable scientifique : Pascal Lotti et Alaïs Tayac, Inrap