Les archéologues de l’Inrap ont fouillé une parcelle de 9000 m² à Arc-sur-Tille, révélant des fosses dites de chasse et divers vestiges. Les plus denses se rapportent au Néolithique ancien / moyen et à la Protohistoire ancienne. Ils apportent de nouvelles données sur l’occupation de cette plaine alluviale.

Dernière modification
31 octobre 2023

Contexte géomorphologique 

Au cours du Quaternaire (-2.6 millions d’années, jusqu’à aujourd’hui), la Bresse a connu des inondations périodiques en raison de la formation d'un barrage naturel près de la confluence entre la Saône et le Rhône dans la région de Lyon. La Saône, qui traverse le bassin tectonique de la Bresse, possédait une énergie insuffisante pour percer ce barrage, ce qui l'a amenée à augmenter son niveau de base et à créer un vaste plan d'eau. Les couches sédimentaire observées lors de la fouille archéologique d’Arc-sur-Tille révèlent comment les conditions environnementales ont évolué sur les marges nord de ce bassin.

Arc-sur-Tille 1

Vue aérienne de l’emprise ouverte.

© P. Noguès, Inrap

La couche la plus ancienne se compose d’un limon calcaire avec des litages discrets, indiquant un environnement lacustre. Après une période de dessèchement, un sol marécageux s'est développé, entraînant une altération profonde, probablement pendant une période interglaciaire plus douce. La couche la plus récente dans le substrat de ce site représente un environnement fluvial avec de multiples chenaux divagants. À la base d’un de ces chenaux, érodant le sol marécageux, on a découvert un bois de chute appartenant à un cervidé et emporté par les flots. Sa présence dans le fond de ce chenal suggère une période de transition entre la période interglaciaire plus douce et un refroidissement progressif du climat.

Dans la même séquence sédimentaire à proximité, une autre fouille a révélé des dépôts de tourbe, qui, selon l'analyse du pollen, remontent à une phase moyenne à ancienne du Quaternaire, il y a plus de 400 000 ans. Au moment du dépôt de ces couches de sédiments, des mouvements de terrain se sont produits, probablement en raison de forces tectoniques. Ceux-ci sont visibles à travers des déformations, toujours orientées vers le nord, dans la tourbe et les chenaux.

Après le dépôt de cette terrasse fluvio-lacustre, une forte baisse du niveau de base a entraîné l'érosion de ces dépôts et le creusement de la rivière. Cette période s'est probablement produite avant la dernière période glaciaire ( -80 000 à – 15 000 ans BP). Cette période a néanmoins laissé son empreinte dans les sédiments par de nombreuses figures de gel, dues à la présence d’un pergélisol.

Des fosses dites de chasse

Douze fosses en Y sont reparties sur l’ensemble de la surface prescrite. Peu de mobilier (rares tessons céramique et ossements) provient de leur comblement. Une datation radiocarbone systématique de ces structures a été réalisée et a permis de les associer à une période chronologique (Néolithique ancien et /moyen, âge du Bronze ancien à final). Aucune répartition spatiale en fonction de la datation n’est perceptible, certaines fosses du Néolithique et de l'âge du Bronze sont même très proches. La datation de charbons de bois dans le comblement primitif et final montre un même intervalle chronologique au sein des fosses, ce qui tend à proposer un comblement assez rapide et non une utilisation sur une très longue durée d’une même fosse.

Des analyses micro morphologiques, tests palynologiques, observations malacologiques, anthracologiques et carpologiques sont en cours sur un échantillon représentatif. 
Les données de la fouille vont alimenter celles jusque-là récoltées dans les projets de recherches régionaux et nationaux. Il s’agissait de la première prescription de fouilles pour un site de fosses à chasses en Bourgogne-Franche-Comté. 



Des fosses polylobées du Hallstatt C2

Quatre fosses polylobées ont été découvertes lors du décapage. Deux d’entre elles ont livré une assez grande quantité de tessons céramique, une fusaïole et de la faune. Quelques pièces de macro-outillage et des fragments d’objets métalliques s’ajoutent au corpus de mobilier. 
Des traces de battitures ont pu être détectées à l’aimant. Ce fait est avéré sur de nombreuses polylobées de cette période dans la région. La céramique permet d’attribuer ces fosses à la période du Hallstatt C2 (700-600 av. J.-C.).
Aucun habitat de cette période n’a pu être fouillé sur l’emprise mais il devait se situer dans les environs proches.


Des vestiges de l’âge du bronze

Des trous de poteau et fosses ayant livré peu de mobilier (rares micro tessons céramique) ont pu être attribués à la période de l’âge du Bronze par datation radiocarbone. Ils illustrent une occupation synchrone à certaines fosses de chasse. 
Pour la protohistoire ancienne, de nombreux sites et occupations de cette période ont pu être appréhendés depuis plusieurs décennies dans la plaine de la Tille.  

La fouille d’Arc-sur-Tille, La Corvée du Dos d’Ane a révélé des vestiges néolithiques et de la Protohistoire ancienne. Ils ne sont pas très denses mais apportent des données sur l’occupation ancienne de ce bord de rivière et sa place dans l’évolution du paysage naturel. Les observations géomorphologiques menées permettent de restituer l’histoire environnementale de la région au cours du dernier million d’années.

Arc-sur-Tille 10

Vue aérienne de l’ensemble des structures. 

© P. Noguès, Inrap

Aménageur : Roger Martin Construction
Contrôle scientifique : Service Régional de l’Archéologie (Drac Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Angélique Marillier, Inrap
Géomorphologue : Clément Recq, Inrap