Des archéologues de l’Inrap ont fouillé un site de montagne à proximité de Font-Romeu. Déjà connu par d’autres opérations antérieures voisines, celui-ci a livré quelques mobiliers datant du Néolithique et de l’âge du Bronze. Surtout, les études à venir permettront de documenter l’occupation humaine dans la montagne de Cerdagne au Mésolithique.

Chronique de site
Dernière modification
20 octobre 2023

Un contexte particulier

La fouille de La Creu à Bolquère, prescrite par les services de l’Etat (Sra, Drac Occitanie) suite à un diagnostic réalisé en 2022, s’est déroulée sur 8000 m2 de mi-juin à fin août 2023 en vue d’un projet de construction d’un lotissement de chalets porté par la société Nordika. Cette fouille s’inscrit dans la continuité de plusieurs opérations – des diagnostics, mais aussi une fouille réalisée en 2018 par Jérôme Kotarba (Inrap) – qui témoignaient du potentiel archéologique de la zone.

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Vue de la fouille dans son environnement montagnard.

© C. Durand, Inrap

Bolquère est un village des montagnes de Cerdagne. La Creu, proche du centre du village, est perchée à 1620 m d’altitude et est environnée de sommets atteignant ou dépassant les 2000 m. La fouille se situe sur le flanc méridional du massif granitique du Carlit, plus précisément sur un versant orienté au sud, une « soulane », qui se compose d’une pente régulière et d’un replat en contrebas. Celui-ci renfermait une zone humide : deux couches très hydromorphes, évoquant un marécage, encadrent un niveau de véritable mare matérialisé par des limons argileux de décantation.

Bolquère 4

Coupe de la zone humide.

© C. Durand, Inrap

 

Des fréquentations ténues

Les traces humaines anciennes ne se composent que de structures en creux, fosses et trous de poteau/piquet. Celles contenant de la céramique non tournée sont assurément attribuables au Néolithique/âge du Bronze. La fouille de 2018 et surtout le diagnostic de 2022 ont donné des dates Carbone 14 remontant au Mésolithique, entre 8500 et 6500 avant notre ère. Cependant, sur le terrain, il n’est pas possible d’identifier les structures qui peuvent s’y rapporter en l’absence de mobilier dans la plupart d’entre elles. Les rares éléments lithiques récoltés sont fabriqués dans des matériaux locaux, des quartz et des aplites filoniens de mauvaise qualité : il n’y a donc aucun outillage ou armature en silex qui attesteraient cette période directement.

Des perspectives de recherche en post-fouille

Les enjeux de cette fouille concernent principalement la phase d’étude qui vient de commencer. Le premier concerne la zone humide : ont été multipliés les échantillonnages en sédimentologie, palynologie, xylologie et anthracologie, nécessitant beaucoup de tamisage, pour tenter d’en comprendre le fonctionnement, l’évolution et la chronologie.

Bolquère 6

Beaucoup de charbons de bois.

© C. Durand, Inrap

En effet, tout laisse envisager que le contexte environnemental constitue le principal point attractif du lieu et que ce sont ces conditions favorables qui conditionnent les installations. Ensuite, il faudra également mieux dater les différentes phases d’occupation : pour cela un important volant de datations au radiocarbone est prévu. Une fois l’étude terminée, ce site permettra ainsi de documenter la problématique majeure de la caractérisation de l’occupation humaine au début de l’Holocène en montagne.

Bolquère 7

Le stand de tamisage.

 © C. Durand, Inrap

Aménagement : Nordika
Recherches archéologiques : Inrap 
Prescription et contrôle scientifique : DRAC Occitanie, Service régional de l’Archéologie
Responsable scientifique : David Colonge, Inrap