À l'emplacement de la future usine de bioéthanol SMBE, entre Marnay et Pont-sur-Seine (Aube), sur une parcelle de 47 ha, des sondages archéologiques ont été réalisés au cours de l'été 2006.

Dernière modification
10 mai 2016

De nombreuses occupations humaines, allant du cinquième millénaire avant notre ère jusqu'au XIIe siècle de notre ère, ont été repérées. Au vu de ces résultats, le service régional de l'Archéologie de Champagne-Ardenne a décidé de procéder à une fouille extensive sur plus de 10 ha. Ces recherches ont été confiées à une équipe de l'Inrap présente sur le site de février à juin 2007.

Pour lire la totalité du texte :


Un hameau néolithique et une nécropole de l'âge du Bronze

Les vestiges les plus anciens sont ceux de deux maisons néolithiques (5000 avant notre ère). Les traces des poteaux en bois plantés dans le sol permettent d'en dresser le plan et de savoir qu'elles mesuraient respectivement 30 et 15 m de long. Des fosses latérales servaient de zone d'extraction des sédiments pour la réalisation du torchis. Ces fosses, comblées par des rejets de silex ou de céramiques, permettent aux chercheurs de dater ces découvertes et de connaître un peu mieux la vie de ces premiers agriculteurs sédentaires. À quelques mètres de là, mais des milliers d'années plus tard (Xe-IXe siècles avant notre ère), des hommes ont enterré d'autres hommes. Cette nécropole de l'âge du Bronze final est composée de sept enclos ouverts. Seule la trace du fossé qui servait à l'extraction de la terre pour constituer le tumulus (monticule de terre recouvrant une sépulture) est encore visible. En effet, en raison notamment de l'érosion des sols, aucune sépulture n'a pu être préservée.

Une petite ferme de l'âge du Fer

Des agriculteurs se sont installés aux VIe-Ve siècles avant notre ère, à la fin du 1er âge du Fer, créant ainsi une petite ferme d'une superficie de 2 ha. Les traces d'au moins quatre bâtiments de 10 à 20 m², espacés d'une trentaine de mètres signalent la zone d'habitation. Des fosses attenantes ont servi de dépotoirs et permis la mise au jour de vestiges de la vie quotidienne : fragments de céramiques peintes, objets en fer dont un rasoir, ossements de jeunes animaux, qui laissent penser à la présence d'une population aisée. À proximité de cet habitat, quelques greniers surélevés permettaient de protéger les récoltes des intempéries et des rongeurs. Enfin, à une centaine de mètres, une dizaine de silos enterrés servaient de zone de stockage des céréales pour les longues périodes d'hiver.  

Une voie romaine jusqu'alors inconnue

Les populations gallo-romaines ont aussi laissé leurs traces sur ce terroir. L'emplacement de la future usine est traversé dans sa longueur par une route antique parallèle à la Seine et jusqu'alors insoupçonnée. Au-delà du secteur de fouille, son tracé reste incertain. Probablement, reliait-elle la ville romaine de Troyes à une autre, plus à l'ouest, peut-être Paris. Elle est caractérisée par ses fossés d'accotement et, à certains endroits, par une concentration anormale de pavés de grès dans la couche de labours.  

Un mausolée funéraire gallo-romain

Durant le Ier ou IIe siècle de notre ère, un impressionnant monument est construit le long de la voie romaine. Il s'agit d'un mausolée funéraire destiné à magnifier la mémoire d'un personnage important de la région. Au centre d'un parc rectangulaire protégé par un mur, il avait la forme d'une tour carrée de 10 à 15 m de haut. Bien que seules les imposantes fondations soient conservées, d'autres exemples encore debout, comme le mausolée de Saint-Rémy-de-Provence, permettent d'imaginer à quoi ressemblait celui-ci. Il devait se composer de trois étages de plus en plus étroits. Le décor copiait l'art de Rome, avec des colonnes cannelées surmontées de chapiteaux et de corniches moulurées. Au sommet, dans une rotonde couverte d'un toit conique, dominait la statue du défunt. D'autres motifs pouvaient illustrer les faits glorieux du personnage.

Une nécropole du haut Moyen Âge

Environ 250 sépultures médiévales (VIIe siècle de notre ère) ont été découvertes aux abords de la voie romaine, qui, à cette époque, bien que légèrement moins large, est toujours utilisée. L'étude de ces inhumations permet de mieux comprendre les pratiques funéraires du haut Moyen Âge : présence ou non de cercueil, de coffrage en bois, en pierres ou encore de linceul. Les objets retrouvés correspondent à la phase la plus ancienne (VIIe siècle de notre ère) : boucles de ceinture en fer décorées d'argent, fibules en bronze, scramasaxes (poignard à un seul tranchant) en fer, céramiques. Ils attestent que les défunts étaient inhumés avec vêtements et accessoires. Aux siècles suivants, leur disparition peut être mise en lien avec la christianisation progressive des populations.