Une équipe de l’Inrap fouille une surface de 9000 m2 face au château de Châteaubriant, entre la Place Charles de Gaulle, la rue de la gare et la rue Henri Dunant, en plein coeur du centre-ville. Les vestiges d'ouvrages défensifs du XIIIe siècle côtoient une tranchée abri en « zig-zag » datant de la Seconde Guerre mondiale.

Dernière modification
06 mars 2024

Les vestiges datés du Moyen Âge

Les vestiges médiévaux concernent principalement un large fossé défensif ainsi qu’un ensemble palissadé. Le fossé se caractérise par une largeur de 8 à 10 mètres et par une profondeur conservée d’environ 3 mètres. Ce type de fossé, creusé en V dans le terrain naturel rocheux, est caractéristique de gros ouvrages défensifs, de par sa difficulté de franchissement et surtout sa position par rapport au Château. Le deuxième ouvrage militaire interprété comme une double palissade se situe plus au sud, à environ 9 mètres du fossé. Il se présente sous la forme d’un minimum de 85 trous de poteaux avec des ancrages déjà bien visibles en surface. Les tracés du fossé et de la palissade semblent suivre le même axe, d’est en ouest, et pourraient correspondre à d’anciennes douves du Château du XIIIe siècle. Les datations sont pour le moment hypothétiques, et seront affinées plus précisément dans les prochaines semaines grâce aux études céramologiques et datations au carbone 14.
 

L’aménagement du quartier aux époques moderne et contemporaine

L’essentiel des maçonneries découvertes lors de la fouille concernent les aménagements du site des Terrasses à partir de l’époque moderne. À côté de plusieurs habitations mises en évidence dans un parcellaire en lanières, un long mur de terrasse a été identifié sur la quasi totalité de l’emprise.
Aménagé en partie dans le fossé médiéval, ce mur orienté d’est en ouest semble figer des limites foncières déjà existantes et ainsi souligner le rôle du fossé dans le paysage urbain dès la fin du Moyen Âge.


Un réseau de défense passive durant la Seconde Guerre Mondiale

Au sud de la parcelle, entre le fossé défensif et l’ensemble palissadé, une tranchée de défense civile a été mise au jour. Creusée par l’armée française pour protéger les civils en cas de bombardement, cette tranchée prend une forme de « zig-zag », permettant ainsi de se protéger du souffle des obus ou éventuellement d’éviter des tirs en enfilade. Cette tranchée a certainement été réalisée pour protéger les écoliers de l’école des Terrasses ainsi que son personnel vers la fin de la guerre. Lors de la fouille, un petit morceau de gomme a notamment été découvert.

Aménageur : Ville de Châteaubriant
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Pays de La Loire)
Recherche archéologique : Inrap
Directrice adjointe scientifique et technique : Hélène Jousse, Inrap
Responsable scientifique : Céline Prigent, Inrap