De nombreuses fouilles se sont déroulées dans ce secteur de Bondy, en plein centre-ville, totalisant aujourd’hui une surface de 2 hectares d’investigation. Les premières recherches, eurent lieu en 1963 et permirent la mise au jour de sépultures dites « franques », c’est-à-dire mérovingiennes ! Par la suite, une vaste nécropole gallo-romaine de 327 sépultures accompagnée de quelques structures et un village du haut Moyen Âge et son cimetière de 329 inhumations furent découverts. En 2007, des sépultures, uniques en Île-de-France, de la Peste noire de 1348 furent dégagées à seulement quelques centimètres au-dessus de sarcophages en calcaire du Bas Empire.

Dernière modification
03 mars 2021

L’occupation humaine à Bondy est attestée par l’archéologie dès l’Âge du Bronze et à l’âge du Fer par la présence d’une dizaine de structures au total. Comme l’atteste le testament d’Ermenthrude  (VIe siècle), il existe un vicus à Bondy, puis une église au VIe siècle. L’importante de Bondy réside également dans sa situation géographique, à la fois sur les tracés de la route nationale 3, anciennement « Chemin de Paris à Meaux » et sur l’axe qui relie Saint-Denis à Chelles, deux hauts-lieux religieux du Moyen Âge.

Plusieurs opérations d’archéologie ont eu lieu dans le centre ville actuel de Bondy depuis 1963 dirigées par des amateurs locaux et par des archéologues de structures préventives comme l’Afan, l’Inrap ou le Département de la Seine-Saint-Denis.

L’époque gallo-romaine

Cette phase d’occupation se retrouve sur la totalité des fouilles. Les premières découvertes datent de 1963 par la fouille de quelques sépultures. Au total, ce sont donc 327 inhumations, principalement du Bas Empire qui ont été fouillées. Quelques datations 14C ont permis d’attester l’existence de quelques sépultures du début du IIIe siècle. Les sépultures sont souvent alignées par rangées successives. Les sujets ont été déposés dans des cercueils rectangulaires et parfois dans des coffrages de bois dont le système de fixation des parois entre elles varie ostensiblement d’un contenant à l’autre. Les clous, les effets de parois et les traces ligneuses permettent une étude complète de ce type d’architecture funéraire. Une approche typochronologique n’est pas scientifiquement envisageable. La présence de coussin céphalique en matériau périssable est probable pour bon nombre de cas.

Vue de l'extrémité nord de la nécropole gallo-romaine, fouille 2015

Vue de l'extrémité nord de la nécropole gallo-romaine, fouille 2015

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E. Jacquot


Cinq cuves rectangulaires en calcaire et une en grès ont été découvertes : quatre au niveau du chevet de l’église actuelle dont une présente des traces de réparation (un bouchon de pierre a été ajusté à la forme du trou scellé au plâtre), une autre à une soixantaine de mètres au nord et une dernière à quelques mètres au sud de la précédente. Cette dernière est au centre d’un petit mausolée. À l’inverse de nombreuses fouilles d’Île-de-France, aucun élément vestimentaire (boucle, fibule, chaussures) n’a été retrouvé. Il est à noter cependant trois cas de pillages sur des sépultures féminines au nord de la nécropole. Ce qui est totalement paradoxal vu l’absence de mobilier observée. Concernant le type de population, le testament d’Ermenthrude mentionne l’existence d’un vicus à Bondy et surtout d’une communauté de Frères (uico Bonisiaca fratribus). Faut-il comprendre une communauté religieuse ? Ce qui expliquerait l’absence totale de mobilier auprès des défunts ?

La population du Bas Empire se distingue notablement d’une population naturelle villageoise. En effet, les indicateurs de stress, l’état d’activité et la pratique cavalière indique que cette population, loin d’être favorisée, vivait cependant dans de relativement bonnes conditions. Au Ve siècle, l’état de santé générale semble se dégrader, les cas de maladies infectieuses augmentent tout comme les cas de traumatismes osseux. La répartition sexuelle est équilibrée sauf pour les sépultures du Ve siècle où la part de sujets féminins est plus importante.

Quant à l’occupation non funéraire, assez peu de structures ont pu être mises en évidence. Les fouilles plus au nord de la nécropole ont révélé des vestiges principalement des IVe et Ve siècles. Il s’agit de quelques silos, de quelques trous de poteaux et d’un puits. Une mare semble délimiter la partie nord-est de la nécropole gallo-romaine et une autre se situe au nord de l’emprise archéologique BAC. Celles-ci sont abandonnées à la fin de la période médiévale.  

L’époque alto-médiévale

La densité des vestiges de cette période s’accentue. Sur l’ensemble des opérations archéologiques, près de 228 sépultures mérovingiennes et 101 sépultures carolingiennes ont été fouillées. Bien qu’aucun bâtiment religieux n’ait pu être mis en évidence, le testament d’Ermenthrude mentionne bien l’existence d’une église (ecclisiae uici Bonisiacensis).

À l’époque mérovingienne, un fossé large de 6 m circonscrit un espace occupé, à l’est, par une zone funéraire, à l’ouest, par une zone d’activité et d’habitat. L’implantation des sépultures se déplace progressivement vers le sud/sud-ouest. Les inhumations sont faites dans des sarcophages de plâtre, parfois décorés ou des fosses maçonnées au plâtre, souvent mal conservées. Les cuves ont été réalisées soient sur place soit en dehors de la fosse funéraire. Quant au mobilier, il est présent dans 21 sépultures mais n’est pas exceptionnel. Il se compose principalement de scramasaxes, de plaque-boucles, de couteaux et d’aumônières.


La population mérovingienne semble être légèrement différente que celle du Ve siècle. Le nombre de sujets âgé est plus important et l’état de santé global est bon. Ils semblent moins actifs que leurs prédécesseurs tout en pratiquant toujours l’équitation. Quant à la répartition sexuelle, les sujets masculins représentent 60% des individus étudiables.

À l’époque mérovingienne, les vestiges non funéraires se situent plutôt à l’ouest. Seuls 10 silos de cette période ont été dénombrés, ainsi que cinq fonds de cabane, deux puits et onze fours domestiques, assez bien conservés. Quant aux bâtiments, la multitude des trous de poteaux ne permet pas encore de dessiner des bâtiments distincts.

Lors de l’époque carolingienne, l’aire funéraire est déplacée vers le sud-ouest et regroupe 101 sépultures (Fig. 07 : Vue de la partie ouest du cimetière carolingien). Les fosses, fréquemment anthropomorphes et « en banquette », sont creusées à faible profondeur. Le mobilier est totalement absent des sépultures. L’étude des stress biologiques et des maladies montre l’image d’une population très éprouvée, en mauvaise santé et très active. La répartition sexuelle est équilibrée.

Pendant cette période, les vestiges non funéraires sont moins nombreux et se situent davantage au nord et à l’est de l’ancien pôle funéraire mérovingien. Ce sont surtout des fours, des fossés drainants et quelques trous de poteaux. Au XIe siècle, le grand fossé est comblé. Se met ensuite en place la trame classique de l’habitat villageois médiéval du centre de l’Ile-de-France, avec un front bâti sur rue et un usage massif du plâtre et du gypse pour la construction. C’est vraisemblablement aussi à cette période que sont remblayées (ou délaissées) les deux mares. Le mobilier est assez pauvre pour cette période.

L’occupation médiévale

A cette période, les vestiges ne se limitent qu’à des silos, principalement regroupés à l’est des occupations. Trois fosses remarquables de sujets atteints de la Peste noire ont été fouillées au nord de l’église. Cet ensemble, unique pour la région, mérite d’être mentionné (Le Forestier 2012) (Fig. 9 : Vue d’une sépulture de pestiférés de 1348).

Bondy 6

Vue d'une sépulture multiple de pestiférés de 1348

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C. LE FORESTIER, Inrap


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Aménagement : Bondy Habitat
Contrôle scientifique : Service régional de l'archéologie (Drac Île-de-France)
Responsable scientifique : Cyrille Le Forestier, Inrap
 
Pour aller plus loin :

RIVIERE (J.), TRAVOUILLON (D.) – Fouilles de Bondy, Bulletin de la JPGF, 1965, p. 27-31.

POIGNANT (S.) – Bondy, opération « Cœur de Ville ». Rapport de fouilles archéologiques, Inrap. 2012.

LE FORESITER (C.) – Bondy, opération De Lattre De Tassigny. Rapport de fouilles archéologiques, Inrap. À paraître.

LE FORESTIER (C.) – Bondy, opération Bâtiment complémentaire. Rapport de fouilles archéologiques, Inrap. À paraître.

LE FORESTIER (C.) – La peste noire à Bondy, En Aulnoye Jadis, 41, 2012, p. 5-13