Les recherches entamées en 2016 se poursuivent. En 2017, elles ont porté sur le chevet gothique et ses abords, une zone qui présente une stratigraphie complexe et des vestiges allant de l’Antiquité à l’Époque moderne.

Dernière modification
18 octobre 2019

Depuis le 18 septembre 2017, une équipe de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) poursuit les recherches entamées en 2016 dans le cadre du projet d’aménagement des jardins de la cathédrale par la ville du Mans. Prescrite par l’État (Drac Pays de la Loire), l’opération concerne le pourtour du chevet gothique et ses abords. Cette zone présente une stratigraphie complexe et les vestiges de plusieurs niveaux d’occupation, depuis l’Antiquité jusqu’à l’Époque moderne. Après quelques semaines, cette fouille, parmi les plus importantes menées aujourd’hui en France en milieu urbain, a livré les premiers résultats et doit se poursuivre jusqu’au printemps 2018.

Premiers résultats

L’emprise étudiée recouvre un espace ceinturant le chevet de la cathédrale sur près de 2 000 m2. Les résultats attendus sont nombreux et concernent toutes les périodes. En 2016, les découvertes avaient permis de comprendre les évolutions des différentes fortifications des villes, antique, médiévale et moderne. Aujourd’hui, les axes de recherche s’élargissent autour de la description et de la topographie de ce secteur au cœur de la ville, et de son histoire. Les niveaux mis au jour jusqu’à présent correspondent à la fin du Moyen Âge avec les vestiges des derniers états du palais épiscopal. Les fondations d’une salle capitulaire, créée en 1420, ont été étudiées. Elles ont livré des éléments lapidaires, utilisés en réemploi, dont certains sont remarquables par leur décor sculpté très soigné. Les chercheurs ont également pu restituer le plan de la chapelle du Cardinal de Luxembourg (XVIe siècle).

La poursuite de la fouille permettra d’atteindre des niveaux les plus anciens jusqu’à remonter aux origines de la ville romaine du Ier et IIe siècles. Les archéologues ont également entrevu la présence de sépultures de la fin de la période romaine.  Mais pour l’heure, les découvertes les plus remarquables concernent des éléments inédits de l’enceinte antique.

L’enceinte romaine : des vestiges inédits pour la recherche et la valorisation

Vers la fin du IIIe siècle de notre ère, la ville se dote d’un système défensif avec une enceinte constituée d’un imposant mur et de 35 tours. La fouille permet d’en révéler de nouveaux secteurs, par exemple la tour d’angle, dite Tour de l’Évêché, qui était en partie connue mais qui a pu être dégagée dans son intégralité. Elle présente un très bon état de conservation. Son soubassement monumental et sa tranchée de fondation ont été mis au jour.

Bien qu’elle ait été arasée au XIIIe siècle suite à la construction du chevet gothique, le système de fondation de la tour Saint-Joseph a été étudié. Comme sur pilotis, la tour est stabilisée par une double rangée de pieux qui dessine le tracé de la construction disparue. Cette découverte offre l’opportunité d’aborder le chantier de construction du monument et de documenter son architecture.

Enfin, la tour Saint-Michel, en cours de dégagement, a déjà livré des éléments inédits, sujets de questionnements pour les chercheurs. Alors que la présence de décors n’était jusqu’alors attestée que sur les sections de murs reliant les tours, l’intérieur de la tour Saint-Michel a curieusement livré un décor de chevrons.

Aménageur : Ville du Mans
Contrôle scientifique : Drac Pays de la Loire
Recherches archéologiques : Inrap
Directrice adjointe scientifique et technique : Hélène Jousse, Inrap
Responsable scientifique : Stéphane Augry, Inrap