À Merdrignac, les fouilles préalables à la mise en 2 × 2 voies de la RN 164 se poursuivent sur une surface de 7,8 ha. Pour la première fois, les scientifiques ont pu identifier une succession d’occupations de ce secteur du Centre-Bretagne s'étalant entre le Néolithique et le Moyen Âge. 

Dernière modification
22 juillet 2021

Depuis octobre 2019, le projet de mise en 2X2 voies de la RN 164 donne lieu à différentes opérations d’archéologie préventive. Les diagnostics ont tout d’abord eu pour objectif de sonder les terrains concernés par l’aménagement et d’évaluer leur potentiel archéologique. Suite aux résultats de ces premiers sondages, l’État a prescrit des fouilles archéologiques sur les communes de Merdrignac et Glomel, afin d’étudier, en amont de l’aménagement, les vestiges impactés par le projet. Ces opérations sont réalisées en étroite collaboration avec la DREAL. Les interventions actuelles se dérouleront jusqu’à la fin du mois d’août sur la section Est du tracé à Merdrignac et jusqu’à la fin du mois de novembre 2021 à Glomel. La section Ouest, à Merdrignac fera, elle aussi, l’objet d’un diagnostic archéologique à compter d’août 2021, pour une durée prévisionnelle de trois mois. 

Vue générale du chantier en cours de fouille.

Dès la fin de la Préhistoire, indices d’une récente sédentarisation

Les principaux témoins de la présence d'une occupation sédentaire, caractéristique du Néolithique, se matérialisent ici par plusieurs structures à pierres chauffées. De forme circulaire, elles pourraient avoir eu une fonction culinaire ou artisanale et dater d’environ 4000 ans av. J.-C. Des analyses au carbone 14 permettront d’affiner cette datation.

Les archéologues ont également observé la présence de bâtiments, grâce aux traces laissées dans le sol par d’anciennes fosses d’ancrage de poteaux : habituellement constitués d’ossatures en bois et de murs en torchis et végétaux, ces édifices disparaissent en effet avec le temps, mais le sédiment garde l’empreinte de leur implantation. Le site a ainsi livré des habitats de différentes périodes, dont les plus anciens pourraient être attribués à la fin de la Préhistoire (Néolithique, vers - 4000) ou à l'âge du Bronze (-2200 à -800).

Âge des métaux et monde des morts

Les âges des métaux sont aussi représentés. Les archéologues ont notamment mis au jour trois monuments funéraires : deux enclos circulaires de l’âge du Bronze final (-1400 à -800 ) et un enclos quadrangulaire de la fin du premier âge du Fer ou du début du second âge du Fer (autour de -450).

Ce dernier comprenait des sépultures à incinération : les urnes ont toutes fait l’objet d’un minutieux prélèvement et seront finement fouillées en laboratoire, par une archéo-anthropologue. Une étude est également menée par un géomorphologue qui, par l’étude des sédiments, tentera de comprendre l’architecture et l’organisation de ces monuments funéraires.

Vue aérienne d’un enclos funéraire quadrangulaire datant de l’âge du Fer. Ce dernier comprenait des sépultures à incinération.

Des bâtiments circulaires gaulois d’une grande rareté

À l’ouest de la fouille, les archéologues ont découvert une concentration d’au moins cinq bâtiments de forme circulaire, d’environ 7 m de diamètre. Ce type d’architecture, qui apparaît dès l’âge du Bronze (- 3000) et perdure jusqu’à la fin de l’âge du Fer (1er siècle ap. J.-C.), est très rare dans la Région. Seule une dizaine de sites avaient jusqu’ici été identifiés. Les quelques fragments de poteries récoltés permettent d’attribuer ces édifices au premier âge du Fer ou au début du second âge du Fer (soit autour de -450). Ils seraient donc contemporains de l’enclos funéraire quadrangulaire situé à environ 50 mètres à l’est. L’association d’une zone d’habitat et d’une zone funéraire est rare dans l’Ouest de la France. Cette découverte, d’une grande importance scientifique, a donc un caractère inédit.

Les premières observations avaient par ailleurs permis d’identifier un réseau de fossés, témoin d’un véritable aménagement du territoire durant les périodes gauloise (-450 à -52) et romaine (-52 à 496). Les deux grands enclos fossoyés, que des prospections aériennes avaient déjà permis d’identifier, correspondent à des fermes ou établissements ruraux ou ferme dont l’étude en cours éclairera la fonction et l’organisation.

Vestiges d’un hameau médiéval

Les scientifiques ont également observé une occupation médiévale, qui semble s’étendre entre le XIe et le XVe siècles. Une série de fossés délimitent en effet d’anciennes parcelles. Plusieurs bâtiments semi-excavés et des constructions sur poteau ont également été mis au jour. Cet ensemble s’apparente à un petit hameau, installé le long d’un chemin - encore emprunté jusqu’aux années 60 - et cerné par un fossé formant un enclos. Les bâtiments semi-excavés, caractéristiques de la période médiévale, sont très répandus dans le nord-ouest de la France, et remplissent des fonctions diverses : atelier, remise, abri pour petits animaux, poulailler…. Une d’entre elle a été bien identifiée et correspond à un four ou à une grande structure de combustion.

La suite de la fouille et les études menées par les différents spécialistes préciseront la nature de ces découvertes et les modes de vie des habitants de ce secteur, sur plus de 5000 ans.

Aménagement : DREAL
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bretagne)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Yoann Escats, Inrap