La fouille archéologique préventive réalisée par l'Inrap à Sainte-Claire, sur la commune de Goyave (Guadeloupe), fait suite à un diagnostic réalisé en mai 2013 qui avait mis au jour des vestiges de l'époque précolombienne et de l'époque coloniale. 

Dernière modification
07 avril 2016

Le site Sainte-Claire présente une configuration favorable à l'implantation humaine : un éperon dominant une rivière d'eau douce riche en poissons, une embouchure marécageuse, et un relief diversifié de plaines et de collines avec, à proximité, du gibier.
Des cartes des XIVe et XVIIIe siècles permettent de repérer jusqu'à cinq habitations dans un rayon d'un kilomètre autour de l'habitation La Grange.
Une « habitation » est un domaine agricole pouvant comprendre des maisons, des ateliers, des canaux, des cases, une sucrerie, un moulin, des champs de canne... etc.

Des occupations de l'époque précolombienne

Le sommet du morne (relief généralement proche de la mer) compte des centaines de structures matérialisées par des trous de poteaux et des fosses circulaires.
Leur répartition ne permet pas encore de définir des plans de carbets (maison en bois sans mur), on distingue en revanche les zones d'habitat. Le mobilier céramique exhumé permet de fournir une fourchette chronologique, allant  de 500 à 1200 de notre ère, ce qui correspond à l'Âge céramique « troumassoïde ».

Sainte-Claire
Le sommet de la morne et la fouille manuelle de trous de poteaux de la période amérindienne.
L'un des caveaux, après dégagement du sarcophage en plomb et coeur en plomb.
© Martijn van den Bel, Inrap

Une habitation-sucrerie

Dans la partie basse, les vestiges de maçonneries d'un bâtiment colonial ont été identifiés.
Le plan du bâtiment se poursuit hors du périmètre de l'intervention archéologique, au pied du morne, où un moulin à eau, a été mis au jour. Il s'agit du premier spécimen fouillé en Guadeloupe.
Ce moulin est mentionné sur la carte des Ingénieurs du Roi de 1764. Il appartenait à Monsieur La Grange, voisin de l'habitation Mollard située sur le même morne.
A l'intérieur du moulin, supporté par une construction en bois enterrée, un mécanisme, actionnant rolles et roués, permettait d'écraser la canne.
En mi-pente, un bief, petit canal qui servait à alimenter en eau la roue du moulin, a été identifié. La prise d'eau se trouve dans les hauteurs, à environ cinq kilomètres, de l'habitation sucrerie.
Dans l'autre moitié du bâtiment se trouvaient vraisemblablement les cuves mais cette partie n'a pas été fouillée.

Le terrain labouré profondément lors des mises en culture et l'acidité du sol volcanique n'ont pas permis la conservation de vestiges osseux ou de coquilles.
Les informations recueillies lors de la fouille du moulin à eau permettent de mieux comprendre le mode de construction artisanal d'une telle usine en Guadeloupe. On dénombre plusieurs centaines d'habitations sucreries sur l'archipel.