À Laveyron, les archéologues de l'Inrap mettent au jour un établissement dédié à la vinification, construit au Ier siècle ap. J.- C., sur des grands bâtiments datés du Ier siècle av. J.-C. Probablement situé à hauteur d’un ancien gué et à vocation commerciale, le site est caractérisé par des murs de très belle construction offrant un plan géométrique monumental, centré sur une cour et orienté vers le Rhône.

Dernière modification
21 décembre 2023

Le site archéologique a été découvert dans le cadre d’opérations d’archéologie préventive prescrites et sous le contrôle de l’État (Drac Auvergne - Rhône-Alpes, Service régional de l’archéologie), à l'occasion d'études que le Groupe Saica, l’un des leaders européens dans la production de papier recyclé pour carton ondulé, était en train de réaliser dans le cadre d'un important projet de modernisation industrielle et écologique de son site Saica Paper. Menée sur une emprise de 16 400 m2 en amont de la construction d’un parking poids lourds au nord de l’extension de l’usine, la fouille commencée en mai 2023 se terminera à mi-janvier 2024.

Laveyron 1

Vue aérienne de la fouille sur la rive gauche du Rhône et du monument funéraire antique de La Sarrasinière, en élévation, sur la rive droite.

© Nordine Saadi, Inrap


Les prémices de l’établissement vinicole

Des trous de poteau et négatifs de constructions attestent une occupation de la Tène (50-30 av. J.-C.). En l’état de la fouille, aucun plan ne peut être proposé. À la fin du Ier s. av. J.-C., des solins de bâtiments, dont la dimension varie de 56 à 150 m2, sont antérieurs au vaste établissement vinicole. Sans sols d’occupation, ni objets associés, il est délicat de leur attribuer une fonction définitive. Cependant, des dépotoirs situés en périphérie de ces bâtiments, évoquent un habitat (nombreux fragments de dolia, amphores et céramiques). L’ensemble était probablement entouré d’un fossé, peut-être à palissade.

Au cours de la période augustéenne (27 av. J.-C.-14 ap. J.-C.) est construite une petite villa constituée d’une série de trois pièces qui s’alignent d’est en ouest et s’ouvrent au sud sur une cour. Sa façade est bordée de trottoirs et galeries.
Ce bâtiment s’inscrit en « poupée gigogne » à l’intérieur de la cour du grand établissement vinicole qui lui succédera. Un des bassins du futur établissement vinicole empiète sur sa pièce la plus à l’est.


L’établissement vinicole  

Le grand établissement, d’une superficie de plus 3000 m2 qui succède au premier bâti au cours du Ier siècle ap. J.-C, est installé sur la rupture de pente qui domine le Rhône. Celle-ci est mise à profit pour l’organisation de sa fonction vinicole.
Les pressoirs sont installés en hauteur. La terrasse alluviale est contrefortée de gros murs formant une plateforme, bornée au sud et au nord de bassins construits en contrebas dans lesquels se déversaient les jus du raisin. Ceux-ci étaient intégrés à des pièces de 430 m2, excavées par rapport au talus, pouvant servir de cellier.

Au sud, trois pièces sont probablement dédiées à l’élaboration des vins, qui durant l’Antiquité, font appel à de multiples additifs. L’ensemble est bordé de galeries entourant une cour de 962 m2. L’établissement, situé dans le territoire des Allobroges (peuple gaulois dont le territoire état situé entre l’Isère, le Rhône et les Alpes du nord), produisait probablement un vin très prisé des romains et mentionné par des textes anciens (le vinum picatum).

Aménagement : SAICA PAPER
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Auvergne – Rhône-Alpes)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Pascale Conjard-Réthoré, Inrap
Partenaire(s)
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